20 Mars 2013
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que l'austérité nous conduit à la récession. Pourtant, c'est la ligne choisie par les gouvernements et chefs d'état européens.
Il n'est pas sûr qu'entre le plan d'austérité à venir, la montée exponentielle du chômage, la déconstruction du code du travail, l'allongement du temps de cotisations des retraites et leur désindexation de l'inflation, avec un pouvoir d'achat constamment rogné les Français, par leur consommation, soient en mesure de relancer la croissance. Mais visiblement, on ne compte plus ou pas sur eux pour le faire. Ce qui est dans la ligne de mire du gouvernement et des « think tank » (laboratoires d'idées), où se réfléchissent les politiques économiques dites "éclairées", c'est d'attirer les investisseurs internationaux dans l'espoir qu'ils trouvent dans la flexibilité de l'emploi, la baisse des salaires, l'appauvrissement de la population, un nid douillet bénéfique au gonflement de leurs profits. Quoi de mieux que d'avoir des peuples asservis par la déréglementation du travail, la pauvreté voire la misère; pris à la gorge par des taux d'emprunts relevant de l'usure ; des peuples enfin revenus à un état de servilité pour générer de nouveaux et avantageux profits.
On ne peut même pas imaginer se garantir contre la volatilité des placements et obtenir des investissements durables injectés dans l’économie réelle. Que nenni ! Le marché des profits devenu depuis longtemps mondial n’a jamais obéi à une quelconque philanthropie. Les fonds spéculatifs cherchent une rentabilité maximale à très court terme allant pour ce faire jusqu’à spéculer contre les monnaies. Les fonds d’investissements privés, quant à eux, chassent le profit à l’échelle planétaire. Quand les taux rémunérateurs ne suffisent plus à la satisfaction des actionnaires, les « prétendus investisseurs » plient bagage avec leurs fonds sous le bras, laissant les salariés sur le carreau et les régions qui les ont accueillis, parfois subventionnés, totalement sinistrées.
Les profits n’ont pas de frontière et les fonds d’investissement courent d’une contrée à une autre vers ceux qui leur offriront les conditions les plus alléchantes et la rentabilité la plus avantageuse. Cette mise en concurrence effrayante des pays, des régions, des territoires, et donc des hommes creuse un puits sans fond dans lequel, petit à petit, les économies nationales s’enfoncent en engloutissant les acquis et les progrès sociaux souvent arrachés de hautes luttes. Course au moins-disant social, qui entraîne les peuples européens dans un abyme voulu, organisé, planifié. Les Espagnols, les Irlandais, les Italiens, les Grecs, les Chypriotes…le savent pour la subir et en souffrir quotidiennement : l’austérité est mortifère. Mais peu importe !
Pendant ce temps là les fonds spéculatifs et les fonds d’investissements privés connaissent la plus forte croissance sur les marchés financiers. Selon les estimations, en 2009, les fonds spéculatifs ont géré environ 1 900 milliards de dollars. Quelques 6 900 fonds spéculatifs sont actifs de par le monde ; à la recherche de taux rémunérateur d’une hauteur de 20%. La France compte désormais 2 220 000 millionnaires en euros, le fossé entre riches et pauvres se creuse… Mais, il n’est pas question de remettre en cause cette ligne politique, d’inverser la tendance car cela irait contre cette Europe qui s’est déclarée libérale et s’est structurée traité après traité sur la règle de la concurrence, le règne du marché et la suppression des services publics.
La liste des mesures qui vont définitivement vider et aplatir les portemonnaies des salariés s’allonge en ce moment, en France, dangereusement. Ces mesures déboucheront inéluctablement sur de nouveaux plans d’austérité. Elles s’achèveront par la liquidation du patrimoine commun que nos aïeux et nos parents ont mis des décennies à bâtir au prix de luttes et de combats mémorables dans l’espoir que les générations suivantes vivraient mieux qu’eux. On croyait qu’un président élu par des électeurs de gauche aurait le courage d’aller au moins jusqu’au bout de ses engagements, il n’en est rien.
C’est, paraîtrait-il, un président « normal » c’est-à-dire, comme le disent certains, un président comme les précédents… un président de droite.
Décapan