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CAP A GAUCHE

Pour faire vivre la démocratie

Refondation de l’école (primaire), ne pas manquer d’ambition !

Refondation de l’école (primaire), ne pas manquer d’ambition !
Le président François Hollande a fait de l’éducation la priorité de son quinquennat. On ne peut qu’applaudir à cette volonté tant l’éducation nationale a été mise à mal par les différentes réformes et mesures mises en œuvre par les gouvernements de l’ex-président Nicolas Sarkozy.

Mais dans son désir de rattraper le temps perdu, et de remettre l’éducation nationale en état de marche rapidement (dans le temps resserré du quinquennat), l’actuel ministre de l’éducation nationale prend le risque du dérapage incontrôlé quitte à envoyer sa refondation dans le mur des illusions perdues.

Nous partageons la nécessité de réformer l’école et les rythmes scolaires, encore faut-il que cette énième réforme soit conçue dans une vision à long terme et qu’elle apporte une réelle dynamique de transformation et de lutte contre les inégalités scolaires qui s’aggravent. Pour ce faire, nous pensons qu’une véritable refondation de l’école réclame du temps, de la réflexion et surtout beaucoup de concertation avec tous les partenaires de la communauté éducative pour, entre autres, analyser correctement les besoins et élaborer des changements radicaux.

Nous connaissons tous le mal occasionné par les réformes et mesures sarkosiennes : favoritisme de l’école privée, assouplissement de la carte scolaire, baisse du nombre d’enseignants, suppression de postes (+ de 60 000), formation des enseignants anéantie, suppression des rased, augmentation du nombre de disciplines, nouveaux programmes, évaluations nationales incohérentes, exacerbation de la concurrence entre écoles, réduction du volume horaire de la semaine…inadéquation entre socle commun et programmes. Cette accumulation de réformes organisationnelles comme le note le rapport de la concertation sur la refondation de l’école « a créé des coquilles vides au détriment de l’évolution des pratiques pédagogiques ».

Mais on pourrait rajouter qu’elle a participé à la démolition du service public de l’éducation soumettant les enseignants à un harcèlement que ne récuseraient pas les experts du management qui savent très bien que pour éviter toute possibilité de prise de conscience il faut secouer les salariés et le personnel dans tous les sens afin de les estourbir et leur ôter tout pouvoir de résistance.

Après cinq ans et plus de ce régime, les enseignants et l’Éducation nationale, mal en point, ont besoin de sérénité et de perspectives nouvelles capables de redonner du sens au but et au rôle de l’école comme à l’acte d’enseigner. D’où l’importance d’une réforme en profondeur, ambitieuse et déterminée pour ne pas fléchir devant tous les obstacles et freins qui se présentent à elle.

Quelle ambition et quelles priorités pour l’école élémentaire ?

Le rapport sur la concertation pose un diagnostic sans concession sur l’école et son fonctionnement. Ce constat est un « bon point » de départ. Il propose quelques pistes de réflexion intéressantes qui auraient dû faire l’objet d’un grand débat et de nouvelles formes de concertation pour livrer une refondation véritablement ambitieuse.

Sur de nombreux points cruciaux comme les rythmes scolaires, le gouvernement semble malheureusement plutôt se diriger vers des aménagements qu’une transformation réelle des rythmes.

• Pas de zonage ni de raccourcissement des grandes vacances (?)

• Retour à la semaine de 4 jours et demi avec au final 5h 30 par jour et 3h le mercredi (Il est à noter que le rapport de la concertation sur la refondation de l’école préconisait 5h). C'est-à-dire une demi-heure de moins par jour. Ce qui fera passer la semaine scolaire à 25 heures au lieu de 24 actuellement.

Sur ces 25 heures 2 heures seront dédiées à l’aide aux devoirs à raison d’une demi-heure par jour excepté le mercredi. Cette demi-heure est une ineptie et ressemble comme deux gouttes d’eau aux « études dirigées » d’antan vite abandonnées en raison de leur inefficacité. Apparemment cette demi-heure en fin de journée de classe est faite pour éviter un lâchage des élèves trop tôt dans l’après-midi, limiter les nouvelles charges imposées aux collectivités et enfin répondre aux souhaits des organisations de parents de supprimer le travail à la maison. Mais si les objectifs sont louables ce nouveau dispositif, dans l’état actuel, est aberrant et impossible à mettre en place. Nous ne comprenons pas comment les enseignants pourront faire apprendre et réciter les leçons en une demi-heure à une trentaine d’élèves.

• Il est à noter aussi que seul le projet de raccourcissement de la journée scolaire est proposé. Jamais n’est évoqué la possibilité du rallongement du temps méridien et d’un retour en classe retardé permettant une meilleure adéquation avec les rythmes chrono-biologiques.

D’autres points soulignés dans le rapport restent à l’heure actuelle dans le flou :

• Quid par exemple de l’allègement et de la redéfinition des programmes qui ne peuvent rester à l’identique dans le cadre d’une semaine scolaire qui se verra au bout du compte amputée d’une heure. 24 heures aujourd’hui contre 23 dans le cadre de la réforme (23 heures d’enseignement et 2 heures d’aide aux devoirs) ?

• Quid des RASED dont on ne parle plus dans la prise en charge spécifique des enfants en grande difficulté. Leur efficacité serait-elle mise en question et peuvent-ils être remplacés par des maîtres supplémentaires comme le suggère le rapport?

• Quid de l’accompagnement et de la mise en œuvre de la « refondation » ?

• Et surtout quid du temps de concertation donné aux enseignants pour mettre en œuvre un réel travail d’équipe nécessaire à la transformation des pratiques pédagogiques, à la prise en charge des enfants en difficulté et à la réduction des inégalités comme le souhaite le rapport ?

Car c’est sans doute là que réside une des grandes faiblesses du système actuel : le peu de temps que les enseignants ont à leur disposition pour construire un véritable travail d’équipe. Ce manque à l’école primaire ne date pas d’hier mais de la mise en place des cycles en 1989. Si à l’époque, le gouvernement n’a pas doté l’école des moyens nécessaires à sa transformation, il serait dommageable pour l’École publique, l’École de la République que le gouvernement ne soit pas à la hauteur des attentes et de l’ambition réformatrice indispensable.

Le gouvernement actuel a une lourde responsabilité. L’école ne peut se permettre un nouvel échec, même partiel,

Cette « refondation de l’école » annoncée n’a pas le droit de devenir une coquille vide de plus et se réduire à quelques mesurettes. Un échec de cette refondation suivi d’un échec électoral mettrait sans doute fin aux ambitions d’une école républicaine pour tous voire du service public de l’Education.

Décapan

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