16 Août 2014
Comme le notait le journaliste PEA dans l’édition du 11 août de l’Hérault du jour, le silence qui a entouré l’utilisation de l’argent public pour promouvoir la religion à l’occasion de la Feria de Béziers, qui jusqu’alors était une fête laïque sinon presque païenne est surprenant sinon inquiétant.
Robert Ménard a ainsi invité « le peuple biterrois » à ouvrir la Féria 2014 par la « messe aux arènes du 13 août ». Le tout pour « redonner du sens » (sic) à cette fête, qu’il veut désormais « plus familiale, plus traditionnelle. En un mot, plus biterroise. » car « Béziers, ce n’est pas Ibiza » — qui, visiblement, pour le maire d’extrême droite de Béziers s’apparente au lieu de toutes les dépravations. On ne sait d’ailleurs comment il le sait, s’il l’a entendu dire, si c’est un lieu où il aimait à se rendre quand il était jeune trotskyste ou si Ibiza représente, dans son subconscient après avoir vu, dans sa jeunesse, le film More de Barbet Shroeder : « le lieu ultime de débauche et de déviance ».
Toujours est-il que peu de monde a réagi jusqu'à maintenant au fait que le premier magistrat de la ville qui représente la République et l’Etat laïque ait pu promouvoir une messe et une religion avec de l’argent public en toute impunité. La gravité des faits, malgré la période estivale, aurait pu ou dû provoquer de nombreuses réactions de protestation et une forte mobilisation.
On sait bien que le nouveau maire de Béziers a décidé de mettre en œuvre une politique promouvant les valeurs traditionnellement de l’extrême-droite à savoir la Famille, la Tradition, un certain Patrimoine culturel et la France chrétienne. Nous savons qu’il profitera de toutes les occasions pour mettre en avant ces idéaux et ces valeurs. C’est pourquoi, il nous est interdit de rester silencieux et de laisser faire.
D’autant que cette décision et la déclaration ne se situent pas uniquement au niveau symbolique mais se révèlent doublement excluantes. Pour les opposants à la corrida et pour tous les non-chrétiens qui exclus de ce « peuple biterrois » ne sont donc pas conviés à cet événement se déroulant dans leur propre ville.
Une ségrégation de fait, par la pratique et les croyances religieuses. Les mots employés par Robert Ménard sont forts et renvoient au pire de notre histoire. Ils ont aussi pour fonction d’inscrire l’action municipale dans une métaphore de la Reconquête, « La Reconquista ». Histoire de « marteler » que le maire de Béziers est parti en guerre contre « l’étranger », celui qui vient d'ailleurs, ou qui n’est pas catholique ou qui ne partage pas les mêmes valeurs que lui.
Que l’on soit laïque ou pas, cette utilisation de la religion, ici catholique, comme marqueur ethnique et idéologique est détestable et inacceptable parce que dangereuse et contraire aux principes républicains (Liberté Egalité, Fraternité). Il est donc du devoir de tout citoyen de dénoncer cette instrumentalisation de la religion servant des desseins xénophobes.
C’est pourquoi, au-delà des réactions attendues de la gauche et des associations laïques, on attend aussi une dénonciation claire et sans ambiguïté de tous les partis républicains et des responsables religieux concernés.
LL